Hello tout le monde ! Je reviens par ici pour un article carrément personnel, mais qui traite d’un sujet à mes yeux super important. Je vais vous parler ici de mon année sans règles. Oui, un an sans règles, pour une femme de 22 ans, c’est inhabituel. Je vous explique le pourquoi du comment, dans un article sur lequel j’aurais aimé tomber pendant mes recherches, un article à cœur ouvert, sur un sujet qui nous concerne finalement toutes.

Le commencement

J’ai commencé à prendre la pilule il y a sept ans maintenant. Cette contraception m’a toujours convenu, une contraception simple, qui rendait mes règles moins douloureuses, plus régulières. En fait, lorsque j’ai cherché une contraception au lycée, mon gynécologue m’a tout naturellement prescrit la pilule, comme à beaucoup d’entre nous je pense. La prise de la pilule a eu des effets secondaires pas dingues, une prise de poids de huit kilos, des imperfections avant chaque cycle, et surtout des variations d’humeurs parfois très fortes.

Six ans plus tard, après un rééquilibrage alimentaire, des renseignements sur les effets secondaires de la pilule, notamment les sautes d’humeurs, et finalement la prise de parole de beaucoup de blogueuses et youtubeuses qui annonçaient qu’elles arrêtaient ce moyen de contraception pour les nombreux effets secondaires qu’elle engendrait, j’ai également pris la décision de l’arrêter. J’en ai discuté avec beaucoup d’amies, qui elles aussi avaient arrêté, pour des raisons simples, semblables aux miennes, et dont on parle très peu : variations d’humeurs, baisse de libido, prise de poids, mais aussi ingurgitation quotidienne d’hormones dont notre corps se passerait bien, et dont on ne connaît finalement pas les effets sur le long terme.

J’ai donc pris rendez-vous avec mon gynéco, qui après une discussion autour des nouveaux moyens de contraception, pendant laquelle je lui ai dit que je souhaitais arrêter définitivement la prise d’hormones, m’a prescrit un stérilet en cuivre, à poser à la fin de mes prochaines règles. C’est après mes règles le 16 juin 2019 que j’ai décidé d’arrêter définitivement la pilule. Nous avons pris un rendez-vous pour un mois plus tard, le 16 juillet 2019, pour l’éventuelle pose d’un stérilet.

Le premier mois

Pendant ce mois, je me sentais bien, je me sentais mieux. J’avais moins de variations d’humeurs, j’étais même plus heureuse (je vous jure). Ma libido a repris un peu plus, j’étais détendue, soulagée de ne pas avoir à penser à mon petit comprimé chaque jour. J’attendais mes règles sans être pressée, je savais que l’arrêt de la pilule pouvait provoquer un arrêt des règles pendant quelques mois. J’ai quand même gardé mon rendez-vous chez le gynécologue, dans l’espoir de garder un cycle régulier et d’avoir mes règles le mois suivant. Le 15 juillet, je n’avais pas eu de règles. J’ai appelé mon gynécologue pour lui demander si je devais garder mon rendez-vous, et la seule phrase que son assistance a prononcé était : “ah mais là, je pense que vous êtes enceinte”. C’est là que tout a en quelques sortes commencé.

Le corps médical

Je vous avoue que j’ai été assez paniquée : un médecin qui est sensé être au courant des effets de l’arrêt de la pilule qui nous annonce que ce mois sans règles n’est pas normal, et que vous êtes probablement enceinte, ça fait peur. Je suis donc allée à mon rendez-vous. A peine assise, j’ai dis à mon gynécologue (qui m’avais vue le mois précédent rappelons-le) que je n’avais pas eu mes règles ce mois-ci. Il m’a immédiatement dit : “oula, vous êtes probablement enceinte”. Encore le choc ! Je l’ai repris en lui disant qu’après l’arrêt de la pilule prise pendant six ans, c’était probable que mon cycle ne revienne pas directement à la normale. Il m’a ignorée et je suis repartie de ce rendez-vous avec la prescription d’une prise de sang et une facture de 60 euros.

Dans la semaine, je suis allée faire la fameuse prise de sang. Je ne vous raconte pas le regard de l’infirmière quand elle a su que j’avais 22 ans, et que je venais pour vérifier que je n’étais pas enceinte, après un mois d’arrêt de la pilule. Je me suis sentie vraiment jugée par le corps médical, et pire : j’avais l’impression d’être totalement ignorante sur le sujet de l’arrêt de la pilule, et de ne pas réagir comme prévu, d’être différente des nombreuses patientes qui arrêtaient comme moi. J’ai eu les résultats dans la semaine : bien évidemment, je n’étais pas enceinte.

Face à cette incompréhension et ce jugement des médecins, j’ai décidé de faire confiance à mon corps et à mes amies. Je me suis dit que je laisserais mon corps reprendre ses droits, tranquillement, et d’arrêter tout simplement de penser à mes règles (le stress n’aidant vraiment pas). J’en avais discuté avec des amies qui avaient elles aussi arrêté, certaines ont eu à nouveau leurs règles au bout de cinq mois.

Au bout de six mois

Je vous avoue qu’au bout de six mois, j’ai commencé à paniquer. J’ai pris rendez-vous avec mon médecin traitant, au vu de la réaction de mon gynécologue le premier mois et son aide clairement absente, je préférais consulter quelqu’un d’autre, avoir un avis plus jeune sur la question. Mon médecin m’a simplement prescrit : une prise de sang pour vérifier que je n’étais pas enceinte.

La douche froide. Ce manque de considération par rapport à mon cas, ce manque de recherches, j’ai été juste sidérée. Je n’étais encore bien évidemment pas enceinte, et j’ai décidé de prendre les devants en faisant des recherches moi-même. C’est là que j’aurais aimé tombé sur un article comme celui que je vous écrit. Les youtubeuses s’arrêtent au fait que leurs symptômes néfastes se sont atténués, que leur acné n’est pas revenu, mais PERSONNE ne parle du retour des règles, du retour à la normale, ou pas.

J’ai commencé à lire beaucoup de choses, peu rassurantes : syndrôme du SOPK (les ovaires polykystiques), endométriose bien sûr, et même le pire, le cancer des ovaires. Vous imaginez bien mon état. Juste inquiète pour ma santé, j’ai recontacté mon médecin qui m’a prescrit une échographie pelvienne, donc des appareils génitaux. Cette radio était prévue le 13 mars, et est arrivé le confinement ! Elle a donc bien évidement été annulée, et j’ai passé le confinement sans règles, en essayant de ne pas y penser, mais toujours peu rassurée.

Le diagnostic

Le 6 mai, au bout de dix mois sans règles donc, à la veille du déconfinement prévu le 11, ma mère a commencé à s’inquiéter. J’ai donc pris rendez-vous en urgence chez le gynécologue, y suis allée le 7 mai, et lui ai tout re raconté depuis le début. Je n’ai pas échappé à la question fatidique : “vous n’êtes pas enceinte?”, non je ne l’étais pas. Nous avons parlé de mes inquiétudes, qu’il écoutait d’une oreille, de l’échographie que j’étais sensée faire. Il s’est (enfin) décidé à me faire cette écho, sur place, et la réponse est enfin tombée.

Je suis atteinte, comme beaucoup de femmes, d’un syndrome que je soupçonnais au vu des symptômes : le SOPK, donc le syndrome des ovaires polykystiques. Ce syndrome n’est d’après mon médecin pas “grave”. C’est une maladie hormonale qui touche une femme sur dix, et qui peut avoir différents effets :

  • C’est déjà la première cause d’infertilité féminine en France
  • Cette maladie cause en fait des troubles de l’ovulation, ce qui se traduit donc par des cycles très irréguliers
  • Certaines femmes peuvent avoir une pilosité accrue, de l’acné ou une chute de cheveux importante
  • Il peut aussi y avoir un risque plus grand d’hypertension artérielle

Voilà les principaux effets de ce syndrome, mais je vous laisse bien évidemment vous renseigner de votre côté.

Personnellement, je sais que j’ai donc des ovaires plus gros que la moyenne, 4cm, et qu’ils sont entourés de kystes. Mon dérèglement hormonal est tel que ça impacte mon cycle menstruel, ce qui explique que je n’ai pas eu mes règles pendant un an, et que si je ne m’étais pas prise en main, peut-être encore pendant bien plus longtemps.

Je ne suis pas plus stressée que ça par cette annonce, alors que je sais que ça peut avoir des conséquences très négatives sur mon corps, simplement en commençant par le fait que j’aurais peut-être un peu de mal à avoir des enfants. Mais finalement, le fait de se dire que cette maladie est très “commune” reste rassurant. Là encore, mis à part sur Doctissimo et autres forums je ne trouve pas d’articles ou de contenus personnels qui peuvent me renseigner sur ce syndrome, j’ai juste appris qu’il n’existait pas de traitements, ou alors des solutions assez néfastes qui peuvent vraiment avoir un effet catastrophique sur ma santé, comme un AVC par exemple. Donc je vis avec, en attendant de voir les effets que ce syndrome aura à long terme sur moi.

Finalement

Je suis sortie de mon rendez-vous plus heureuse que dépitée je vous avoue ! Parce que j’avais enfin la réponse à mes questions, celles que je me pose depuis un an. Pour une femme, ne pas avoir ses règles pendant une aussi longue période est angoissant, parce que ce n’est pas dans la norme. Pour autant, pour ma part en tout cas, les médecins ne se sont que légèrement intéressés à mon cas, en me laissant même faire mes recherches et mes prises de rendez-vous à droite à gauche seule.

En fait, ce qui m’ennuie, c’est le manque de renseignements. Pour commencer, une femme, lorsqu’elle arrête une contraception ou bien quand elle commence une prise, quelque soit son type, devrait être informée par son gynécologue des effets secondaires. Certes, on peut se reposer sur l’expérience des autres, des nos amies, mais chaque femme et chaque corps sont différents. Le manque de considération aussi m’a dérangée pendant cette expérience, et parfois même le manque de respect. Le fait qu’un médecin, que ce soit un médecin traitant ou bien un médecin spécialisé ne nous fasse pas confiance, à nous et à nos ressentis corporels, en pointant directement du doigt la solution la plus « facile » aux yeux de tous, sans même chercher à aller voir plus loin, me dérange. Je n’évoque même pas le regard dédaigneux lorsque ce médecin annonce d’une manière naturelle que c’est certainement une grossesse, et donc un manque d’attention de notre part.

Si je fais cet article, ce n’est pas pour pointer du doigt les médecins qui je le sais voient énormément de patients tous les jours. Je fais cet article pour renseigner une femme qui comme moi chercherait des explications rationnelles quant à son absence prolongée de règles après la pilule. Parfois, il faut savoir prendre les devants en cherchant des explications, en gardant en tête qu’un syndrome ou autre détecté trop tard peut avoir des conséquences sur notre santé. Je ne dis absolument pas tout ça pour alarmer !! Je souhaite juste qu’une femme qui connait son corps tienne tête à son médecin en demandant des examens supplémentaires si elle sent que cette situation n’est plus normale.

Aujourd’hui

J’ai eu mes règles le mois derniers, sous traitement. Je me suis fait prescrire un traitement hormonal par mon gynécologue, pour déclencher mes règles, et ce, pendant les six prochains mois. Je sais qu’après un arrêt de la pilule pour une question d’hormones, c’est un peu triste comme fin. Mais je pense que ce traitement était nécessaire. Si ma période d’aménorrhée avait continué, je ne sais pas si à terme cela aurait pu avoir des conséquences sur mon corps ou ma fertilité. J’espère que tout reviendra à la normale, je fais confiance à mon corps.

Bref, c’était un long bla-bla mais que je trouvais tellement important de faire, parce que, encore une fois, j’aurais aimé lire ce genre de témoignage lorsque j’étais dans mon lit à chercher des solutions qui ne venaient pas, et des réponses. J’espère que ce genre d’articles ouvert ne vous dérange pas, auquel cas je comprendrais que certains, non concernés, arrêtent leur lecture en cours de route. Je serais ravie d’échanger avec vous sur le sujet, en messages privés sur Instagram ou en commentaires. Je vous souhaite une très belle semaine.

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